Rémy (Rodep) de Pinho par Anita Van Belle 

Anita Van Belle
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L’Enfant matricule 3044 : un regard bleu sur fond noir

"Depuis que j'ai appris que sa mère à avait abandonnée aussi ses deux soeurs aînées à leurs naissances, j'ai peur d'être "elle", j'ai peur de tout ce que je fais". 

Enfant de "l'Assistance Publique", comme on disait à l'époque,  Rémy (Rodep) de Pinho a mis plus de quarante-cinq ans pour rentrer en possession de son histoire. 

Depuis, elle le ronge. Pour ses proches, il en a fait une chronique qui est devenue un roman. L'écriture, initiée en guise de thérapie, s'est révélée une compagne.

 

Résidence Camille Groult  - Intérieur nuit 

L'enfant matricule 3044

De son véritable non Rémy Rodrigues de Pinho (Rodep), vit à Vitry-sur-Seine depuis juin 1999. En 2006, il a aménagé résidence "Camille Groult". Le jour il travail au service communication/Intra/Internet d'un grand service public.

 

Le soir, et les fins de semaines, il s'empare d'un "stylo à bille cristal tracé moyen 0,6 millimètre de couleur bleue" et il écrit. En soi, rédiger n'est pas une nouveauté pour lui.

 

Rémy (Rodep) de Pinho, son nom de plume a connu plusieurs vies. Il a été un "fils de pub" notamment, dans une agence prestigieuse de l'avenue des Champs Elysées à Paris où travaillait également Bertrand Delanoë.

 

Animateur de radios locales privées, puis directeur de la station et des programmes , il a écrit des milliers de billets ou de chroniques. Sa première tentative de fiction ? Un scénario "Tel Père Tel Fils" a été remis et lu par l’acteur pour qui il l’avait écrit : Louis de Funès. Louis de Funès qui va l’encourager à poursuivre lorsqu’ils se sont rencontrés au Studios des Buttes de Chaumont (qui se trouvaient au numéro 36 de la rue des Alouettes dans le 19e arrondissement de Paris).

C'est l'ouverture des archives de l'Assistance Publique en 2002, qui va le faire basculer vers une écriture plus autobiographique, qui deviendra son premier roman, "L'enfant matricule 3044" qui sera réédité en 2013 sous le titres "Le mal des maux dits".

"J'ai voulu écrire une histoire seulement pour la famille, pour les enfants et petits-enfants et, c’est en découvrant la teneur des documents que j'ai décidé d'en faire un livre."

 

Edité par les Editions Publibook, le récit de  "L'enfant matricule 3044" devenu "Le mal des Maux dits" retrace l'itinéraire de Rémy, enfant de l'Assistance Publique, "retrouvé" à vingt-deux ans par "sa" mère, qui lui "révèle" sa version très personnelle e son histoire, mais pas la vérité.

 

Le choc est rude : l'histoire qu'elle lui sert lors de ces "retrouvailles"  n'est qu'un tissu de mensonges. En 1977, fatigué de ces ces "broderies" cruelles et successives, Rémy (Rodep) de Pinho entame une démarche officielle pour obtenir son dossier auprès de l'Assistance Publique.

Il attendra... "C'est Lionel Jospin qui en 2002, a décidé de faire ouvrir ces "mystérieuses archives pour que chaque enfant de l'Assistance Publique puisse avoir accès à son dossier... à son histoire".

 

Lorsqu'il rentre en sa possession, le dossier s'avère "épais comme un bottin téléphonique de la ville de Paris". La vérité, toute la vérité, rien que le vérité devait y être consignée, mais Rémy de Pinho (Rodep) s'aperçoit que des zones d'ombre subsistent.

Ce qui me détruit

Lors de son enquête pour compléter une histoire qui le dévore, il comprend que sa grand-mère maternelle a également abandonné deux de ses filles aînées immédiatement après son accouchement.

 

Depuis, il est heurté par la sa ressemblance dans cette attitude avec "la (sa) mère". "Ce qui me détruit, c'est son image à elle puisque son visage me colle à la peau". "Depuis que j'ai su que sa mère à elle avait abandonné ses deux filles aînées, j'ai peur d'être comme "elle", d'avoir hérité de tout ses défauts; j'ai peur de tout ce que je fais".

 

Il entame alors une chronique thérapeutique, pour se libérer. Dans le tumulte des "révélations" de sa mère en 1977, il s'est découvert trois soeurs et un frère qu'il adore.

 

  • " Longtemps, ce qui m'a démangé, c'est d'en finir, mais je ne suis pas assez courageux pour ça."

 

Alors, faute d'un "tremblement de terre dans le cerveau" qui provoquerait dans le meilleur des cas, une amnésie, il fignole le style du récit familial, attentif à ne pas peser, à y injecter un humour désespéré.

Ecrit en 2005, "L'enfant matricule 3044" paraît en juin 2006. Les lecteurs l'apprécient. Il restera de juillet à fin septembre 2006 en tête des ventes (chiffres FNAC Créteil Soleil) "Même les personnes qui n'aiment pas lire ont aimé mon livre."

 

Le stylo à bille cristal de couleur bleue, de la couleur des yeux de Rémy de Pinho (Rodep), d'un azur que Michèle Morgan a un jour admiré, retrouve la feuille blanche.

 

S'inspirant de l'histoire d'un ami très proche, Rémy (Rodep) de Pinho publie "Deuil et préjugés". Sous forme scénaristique et dialogué, le livre "met en scène la bataille morale et judiciaire d'un homme afin de faire reconnaître ses droits, suite au décès de son ami." Une fois encore, les lecteurs adhèrent.

 

Un autre livre est en préparation. Peut-être parlera-t-il de l'amour fou de Rémy pour le cinéma classique français ? Peut-être racontera-t-il , ses rencontre avec Arletty, "qui même aveugle, était d'un optimisme et d'un enthousiasme débordants", Barbara, "qui avait mis sa carrière entre parenthèses pour visiter les malades du SIDA dans les prisons", ou ses combats quand aux côtés de Pierre Bergé, "Il a fallu menacer les socialistes pour qu'ils aillent voter pour les PACS". Où peut-être simplement, parlera-t-il d'une paix du coeur lointaine, mais intensément désirée.

Anita Van Belle 

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Anita Van Belle est romancière pour en voir et savoir plus, cliquez sur une de ses photos

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