Rien n'est jamais inscrit dans le marbre
"Ne jamais oublier qu'il suffit d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits, tous les droits, notamment ceux des LGBTQIA+ soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Notre vie durant, nous devons demeurer vigilants."
LGBT +
Un mémorial en hommage aux victimes homosexuelles
à travers l’Histoire inauguré à paris
Un lieu de mémoire pour ne pas oublier les persécutions LGBT + à travers l’histoire, et notamment pendant la déportation, a été inauguré en présence d’Anne Hidalgo
La maire de Paris Anne Hidalgo a inauguré l’immense étoile noire en acier de plus de trois tonnes, conçue par l’artiste Jean-Luc Verna, installée près de la place de la Bastille © Crédit photo : Kiran Ridley/AFP
Un mémorial en hommage aux victimes homosexuelles de la déportation et aux victimes LGBT + "à travers l’Histoire" a été inauguré samedi à Paris à l’occasion de la journée internationale de lutte contre les LGBTphobies.
"Reconnaître, c’est dire "cela s’est produit" et dire "nous ne voulons pas que cela se reproduise", a déclaré la maire de Paris, Anne Hidalgo, lors de l’inauguration. "Il y a l’obligation de lutter contre la négation ou l’atténuation." Ce travail est d’autant plus "fort" qu’il "y a aujourd’hui des vents contraires, puissants, extrêmement dangereux qui voudraient nier cette diversité-là", a-t-elle ajouté.
Un symbole contre l’oubli
Conçu par l’artiste Jean-Luc Verna, le mémorial, une immense étoile noire en acier de plus de trois tonnes, a été installé dans les jardins du port de l’Arsenal près de la place de la Bastille. "La face noire de l’étoile ce sont les corps qui ont été calcinés, c’est le deuil, c’est aussi une ombre qui nous dit que les choses peuvent arriver de nouveau", a expliqué Jean-Luc Verna. "Et l’autre face, le miroir, c’est le présent, avec les couleurs du temps qui passe et le ciel de Paris qui change aussi vite que l’opinion publique peut se retourner".
Pourquoi une étoile noire ?
Contrairement à Sydney, Barcelone ou Amsterdam, le choix d’un monument en forme de triangle rose, symbole cousu par les nazis sur les uniformes des détenus homosexuels dans les camps, n’a pas été retenu dans un souci d’inclure les victimes actuelles. "C’est important que ce mémorial ne soit pas un simple hommage symbolique mais un outil de transmission, un acte de reconnaissance publique et un espace de questionnement sur les discriminations passées mais aussi sur celles qui perdurent aujourd’hui", a insisté le président de l’association "Les Oublié.es de la mémoire", Jean-Baptiste Trieu.
Cet espace doit nous "rappeler que les droits ne sont jamais définitivement acquis, que les haines savent se réinventer et que notre responsabilité est de rester debout ensemble."
Un passé longtemps occulté
Selon les estimations, entre 5 000 et 15 000 personnes ont été déportées à l’échelle européenne par le régime nazi pendant la Seconde Guerre mondiale en raison de leur homosexualité.
Pour la France, les chiffres des associations et des historiens varient entre une soixantaine et 200 personnes homosexuelles déportées.
L’inauguration de ce mémorial constitue la dernière étape en date dans le processus de reconnaissance de ce pan de l’Histoire pendant longtemps méconnu ou passé sous silence avant les prises de parole officielles de Lionel Jospin, alors Premier ministre, en 2001, puis du président Jacques Chirac en 2005.
Avec AFP
17 mai 2025
Journée mondiale contre l'homophobie
Les actes anti-LGBT + ont augmenté de 5 % en 2024
Au total, 4 800 infractions ont été enregistrées l’an passé, d‘après les chiffres transmis ce jeudi 15 mai par le ministère de l’Intérieur. Les associations dénoncent un climat "délétère" et une multiplication des discours discriminants.
Insultes dans la rue, cyberharcèlement, violences physiques… Les infractions anti-LGBT + ont augmenté de 5 % en France en 2024, selon les chiffres officiels diffusés chaque année par les autorités françaises. Au total, 4 800 infractions ont été enregistrées l’an passé, dont 3 100 crimes ou délits (+ 7 % en un an) et 1 800 contraventions (+ 1 %), a indiqué ce jeudi 15 mai le ministère de l’Intérieur, à l’approche de la journée internationale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie, prévue le 17 mai.
La progression annuelle reste toutefois moins importante que les années précédentes. Les infractions contre les lesbiennes, gays, bi et trans avaient augmenté de 15 % en moyenne sur la période 2016-2023. "On reste sur une réalité problématique", estime auprès de l’AFP Flora Bolter, codirectrice de l’observatoire LGBT + de la fondation Jean Jaurès. "Les crimes et délits augmentent plus vite que les contraventions, or ils correspondent à des actes plus graves".
Actes haineux encouragés
Ce durcissement "inquiétant" des actes anti-LGBT + s’observe aussi au niveau européen, selon cette spécialiste. Pour Julia Torlet, présidente de SOS Homophobie, le climat actuel est "délétère" : des personnalités politiques multiplient les propos anti-LGBT +, ce qui "encourage les actes haineux" et leur "donne une légitimité". "Ces discours s’infusent dans la société et deviennent banals ce qui est dangereux", a-t-elle ajouté auprès de l’AFP.
L’association a récolté l’an dernier 1 571 témoignages via ses dispositifs d’écoute et de soutien aux victimes, selon son rapport annuel publié jeudi soir. Un chiffre en baisse par rapport aux 2 085 témoignages de 2023.
Plus de la moitié de ces témoignages (55 %) dénoncent de la gayphobie, 23 % de la transphobie, 18 % de la LGBTphobie en général, 12 % de la lesbophobie, 3 % de la biphobie et 1 % de l’intersexophobie. Pour rappel, la ligne téléphonique à contacter est le 01 48 06 42 41 (ou par chat et mail).
Les hommes, victimes et mis en cause
Les victimes de crimes et délits répertoriés par les autorités sont majoritairement des hommes (plus de 70 % en 2024) et près de la moitié ont moins de 30 ans, selon le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI).
Les mis en cause sont aussi principalement des hommes (83 %) et également des jeunes de moins de 30 ans. Un tiers des infractions anti-LGBT + enregistrées sont des injures ou diffamations, et 9 % sont en lien avec le numérique.
Les discours anti-LGBT + des politiques "libèrent aussi la parole en ligne, on se retrouve avec une explosion de propos anti-LGBT et de cyberharcèlement" qui a notamment ciblé l’an dernier des personnalités, pointe Julia Torlet de SOS Homophobie.
Thomas Jolly, le directeur artistique de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris, qui incluait un tableau mettant en scène des drag-queens, a été pris pour cible, rappelle le rapport de l’association. Tout comme la DJ Barbara Butch, star de ce tableau. La justice française poursuit et a condamné récemment certains des auteurs de ces messages.
"Montée des marches de toutes les formes de haine"
Les violences physiques et les menaces représentent respectivement près de 20 % des crimes ou délits enregistrés. Le recours au dépôt de plainte reste "extrêmement faible" (environ 4 %) parmi les victimes d’actes anti-LGBT +, selon l’enquête Vécu et ressenti en matière de sécurité du SSMSI. Par ailleurs, l‘agglomération parisienne et les autres communes de plus de 200 000 habitants concentrent 55 % des actes anti-LGBT +, selon la publication du SSMSI.
La hausse des infractions anti-LGBT + confirme "une tendance de fond préoccupante", qui "s’inscrit dans un climat plus large de montée de toutes les formes de haine", a estimé de son côté dans une déclaration transmise à l’AFP, Mathias Ott, délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT + (Dilcrah), qui dit vouloir "combattre durablement les préjugés anti-LGBT +".
Avec AFP
Le rapport de STOP-homophobie ICI
Russie
Arrestations chez Eksmo, géant de l’édition,
pour "propagande LGBT"
Nouvelle vague de répression en Russie : des employés d’Eksmo, une des plus grandes maisons d’édition du pays, interpellés pour diffusion de contenus LGBT +.
Une dizaine d’employés d’une des plus grandes maisons d’édition de Russie, Eksmo, ont été arrêtés après des perquisitions dans le cadre d’une affaire de "propagande LGBT", ont rapporté ce mercredi 14 mai les agences de presse russes. Selon l’agence étatique TASS, parmi les personnes détenues figure Anatoli Noroviatkine, le directeur de la distribution de cette maison d’édition.
L’affaire concerne, selon les médias, les livres d’une autre maison d’édition, Popcorn, qui travaille sous le parapluie d’Eksmo et qui publiait notamment des ouvrages faisant référence aux personnes LGBT +. En janvier 2023, Popcorn était devenue la première maison d’édition russe à être poursuivie pour "propagande LGBT" après la plainte d’un député, selon l’ONG de défense des droits des détenus OVD-Info.
Pourquoi cette escalade répressive ?
Le Kremlin a durci sa rhétorique conservatrice depuis le début de l’offensive russe contre l’Ukraine il y a plus de trois ans, faisant du conflit une bataille contre l’Occident et ses valeurs jugées décadentes. Signe de la répression des minorités sexuelles en Russie, la Cour suprême du pays avait banni fin 2023 le "mouvement international LGBT" pour "extrémisme", une formulation floue ouvrant la porte à de lourdes peines de prison.
Dans la foulée d’un tour de vis général dans la société après l’assaut contre l’Ukraine, la législation russe avait déjà été considérablement élargie fin 2022 pour interdire toute forme de "propagande" LGBT + dans les médias, sur Internet, dans les livres et les films. La police mène depuis une offensive contre les lieux LGBT, multipliant notamment les descentes dans les endroits festifs.
Repéré sur le site https://www.sudouest.fr
Paris
Des escaliers aux couleurs arc-en-ciel repeints en blanc durant la nuit, "un acte homophobe"
Alexandra Cordebard, la maire socialiste du Xe arrondissement, va déposer plainte ce lundi.
Ces marches qui mènent à l’avenue de Verdun avaient été colorées cet hiver pour "enjoliver le quartier", devenant un symbole de diversité LGBT. Selon des témoins, des jeunes seraient à l’origine de la dégradation.
Dans un quartier parfois vétuste ou dégradé, un escalier fraîchement repeint est généralement accueilli avec plaisir par les riverains. Mais pas cette fois. Ce vendredi, les habitants du Xe arrondissement de Paris ont découvert que les marches arc-en-ciel menant à l’avenue de Verdun avaient été recouvertes de blanc.
"Lorsqu’on avait décidé de les colorer cet hiver pour enjoliver ce coin qui était un peu sale et triste jusque-là, il n’y avait pas de réelle volonté militante même si cela montrait que notre quartier était gay-friendly, relate Alexandra Cordebard, la maire socialiste du Xe. Car de toute façon ces escaliers avaient vocation à être modifiés ou repris lorsque les travaux de l’avenue de Verdun seront terminés à l’automne prochain."
"Il ne faut pas laisser passer ça"
Mais l’étonnement a laissé place à la colère dans l’esprit de l’édile. "Je suis outrée, c’est un acte homophobe, clairement, des gens ont délibérément entrepris de recouvrir ce symbole de diversité LGBT", avance la maire PS qui annonce qu’elle va déposer plainte dès ce lundi : "Il ne faut pas laisser passer ça." Selon les premiers témoignages de voisins, ce sont plusieurs jeunes, vraisemblablement âgés de moins de 16 ans, qui auraient effectué ces dégradations.
"On va essayer de prévoir des interventions dans les collèges avoisinants, pour tenter de faire passer des messages et faire reculer l’homophobie", reprend Alexandra Cordebard. Dans la semaine, la municipalité devrait également repeindre à nouveau ces marches aux couleurs de l’arc-en-ciel."
Bizarre, vous avez dit bizarre
Personnellement, compte tenu du nombre de pots de peinture blanche, et du temps qu'il a fallu pour recouvrir toutes ces marches, nul doute que ça n'a pas dû être très rapide, et ce qui m'étonne,
c'est que personne n'ait rien vu, ni même trouvé de traces.
Avec AFP
Nantes
La librairie queer Les Vagues vandalisée
Dans la nuit de jeudi 8 au vendredi 9 mai, la librairie Les Vagues, à Nantes, a été vandalisée.
Seul commerce visé rue de Strasbourg, cette librairie indépendante ouverte en juin 2024 est spécialisée dans les cultures queer, les luttes féministes, antiracistes et les questions de genre.
"J’ai vu les deux vitres fracassées, une voisine m’a dit qu’elle avait entendu du bruit dans la nuit", raconte à Ouest-France Maxime Blanc, cofondateur du lieu avec Amandine Heulard. Les deux gérants n’ont pas tardé à dénoncer ce qu’ils qualifient d’attaque LGBTphobe, un acte de vandalisme ciblé qui survient après d’autres signes inquiétants : "Ce n’est pas la première fois qu’on subit des actes malveillants."
Depuis son ouverture, Les Vagues s’est imposée comme un refuge culturel, un espace de visibilité, de ressources et d’échange pour les personnes queer et alliées. Une plainte a été déposée, et une enquête est en cours.
Aucune signature ou revendication n’a été retrouvée sur les lieux, mais pour Amandine Heulard, le message est limpide : "Je pense qu’il y a des personnes qui ne sont absolument pas ravies qu’on existe et qui essaient de nous le faire comprendre d’une façon pas très subtile."
Et au-delà de la tristesse, c’est une colère sourde qui s’exprime : celle d’un lieu né pour inclure, visé précisément pour cela. "C’est une nécessité absolue d’avoir un lieu comme le nôtre pour lutter contre l’homophobie, la transphobie, les discriminations. Et pourtant, on en est encore là", insiste Amandine sur France Infos. Un triste rappel : les livres, eux aussi, font peur. Surtout quand ils libèrent.
En attendant la réparation des vitrines, des protections de fortune ont été installées. Mais la librairie reste ouverte.
Repéré sur le site https://www.stophomophobie.com
LGBTQ+, migrants, anti-Trump,
les tensions sous le pontificat de Léon XIV
L’élection de Robert Francis Prevost comme 267ᵉ pape, désormais Léon XIV, provoque un mélange d’espoir et de prudence au sein des communautés LGBTQ+ catholiques et de leurs alliés.
Alors que son prédécesseur, François, décédé le mois dernier à l’âge de 88 ans, avait ouvert quelques timides brèches dans la doctrine en insistant sur la "miséricorde" et l’accueil, le parcours et les rares déclarations publiques du nouveau pontife laissent planer des interrogations sur les orientations futures du Vatican en matière d’inclusion.
Un parcours international, un positionnement flou
Né en 1955 à Chicago, ordonné prêtre chez les Augustins, Robert Prevost a passé près de vingt ans au Pérou, où il fut missionnaire, enseignant, puis évêque. Ce long engagement sur le terrain, marqué par la proximité avec les plus vulnérables, lui a valu d’être naturalisé péruvien et décrit comme un homme d’Église "sans frontières", attentif aux questions sociales et humanitaires. Ces dernières années, il occupait un poste stratégique à Rome : préfet du dicastère pour les évêques, un rouage clé dans la gouvernance de l’Église mondiale.
Pourtant, une déclaration faite en 2012, alors qu’il était encore évêque à Chiclayo, a refait surface depuis son élection. Dans un discours adressé à ses confrères, il dénonçait "la sympathie croissante des médias pour des croyances et pratiques contraires à l’Évangile", citant notamment "le style de vie homosexuel" et les "familles alternatives composées de partenaires de même sexe et d’enfants adoptés". Ces propos, jamais explicitement reniés, contrastent avec la ligne plus accueillante adoptée par François.
Silence sur les enjeux LGBTQ+
Depuis, Léon XIV ne s’est pas exprimé publiquement sur les réalités LGBTQ+, laissant place à toutes les spéculations. Son profil, jugé modéré voire discret, tranche avec le ton pastoral et parfois disruptif de son prédécesseur, qui n’avait pas hésité à rencontrer des catholiques homosexuels ou transgenres, à affirmer que "Dieu aime chacun tel qu’il est", tout en refusant néanmoins les bénédictions des couples de même sexe.
"Il est encore trop tôt pour savoir s’il poursuivra la dynamique d’écoute engagée par François ou s’il marquera une inflexion plus doctrinale", observe une source proche du Vatican. "Jusqu’à présent, il ne s’est jamais engagé clairement sur ces sujets."
Une Église à la croisée
L’arrivée de Léon XIV intervient dans un contexte de fracture interne au sein de l’Église, partagée entre tenants d’une lecture plus rigide du catéchisme et partisans d’une adaptation aux réalités contemporaines. Si de nombreuses associations espèrent que le nouveau pape poursuivra les efforts d’ouverture, d’autres redoutent un retour à une posture plus fermée, à l’image des propos de 2012.
"Les mots ont une portée, et l’absence de clarification entretient le doute", souligne un militant parisien engagé pour une Église inclusive. "Nous attendons des gestes, des paroles fortes, qui confirment que l’élan donné par François n’était pas un simple intermède."
Un pape critique de Donald Trump
Autre signal notable : avant son élection, alors qu’il était encore cardinal, Robert Prevost faisait entendre sa voix contre certaines politiques de Donald Trump, en particulier sur l’immigration. Sur son compte X (anciennement Twitter), il relayait régulièrement des critiques de l’administration républicaine, selon les archives relevées par le New York Post.
Si ces prises de position peuvent rassurer sur une certaine continuité avec la dimension sociale du pontificat précédent, elles ont aussi contribué à dresser de lui le portrait d’un prélat en retrait de l’ultraconservatisme politique.
Malgré tout, Donald Trump a salué son élection sur sa plateforme Truth Social, parlant d’"un grand honneur pour les États-Unis" et exprimant son désir de le rencontrer prochainement.
Continuité ou rupture ?
Le nouveau pontificat pourrait s’inscrire dans la continuité prudente du précédent ou, au contraire, marquer un recentrage plus doctrinal. La question de l’inclusion des personnes LGBTQ+ – longtemps marginalisée – est aujourd’hui l’un des marqueurs de cette évolution. À Léon XIV revient désormais la responsabilité de trancher l’orientation pastorale de son pontificat.
Une décision suivie de près par des millions de fidèles LGBTQ+ dans le monde, pour qui l’Église reste un lieu de foi, mais aussi de blessures, d’attentes et d’espérance.
Repéré sur le site https://www.stophomophobie.com